2006-03-28

Entretien avec Michele Garufi sur Boursier.com

Entretien avec Michele Garufi
28/03/2006 - 15h43

Michele Garufi, PDG de NicOx :
Si les développements se poursuivent favorablement, 2007 sera l'année clé pour se préparer à devenir une société intégrée

Boursier.com : Considérez-vous que la récente hausse du titre NicOx tende à mieux refléter les perspectives de la société ?

Michele Garufi : Absolument ! Beaucoup ont écrit au sujet de NicOx sans même prendre la peine de parler aux dirigeants, sans s'intéresser au projet ou chercher à comprendre notre technologie... Je ne suis pas du tout d'accord avec le terme de "spéculation" : il n'est absolument pas étonnant que la nouvelle selon laquelle deux des plus grands laboratoires mondiaux ont vu un potentiel important dans la technologie de NicOx entraîne une revalorisation du titre. De plus, nous sommes probablement la seule société européenne de biotechnologie a détenir un produit de phase III avec un tel potentiel.

La progression du cours me semble normale, et à mon avis nous sommes encore loin des niveaux que NicOx pourrait atteindre à l'avenir.

Boursier.com : Pour un investisseur particulier qui n'est pas forcément au fait des spécificités d'un secteur aussi technique et à cycle aussi long que la biotechnologie, n'est-il pas difficile d'appréhender justement la valeur des sociétés comme NicOx?

M.G. : Effectivement il est plus prudent pour les investisseurs particuliers de conserver une certaine distance par rapport au secteur lorsqu'ils ne disposent pas de connaissances techniques et ne maîtrisent pas les risques et les potentiels de l'industrie... Il faut bien comprendre qu'il est parfois nécessaire d'attendre des années pour obtenir le retour sur investissement, qu'il existe des risques d'étapes importants pour aboutir à l'objectif, avec des hausses et des baisses énormes dans l'intervalle. En tant qu'actionnaire individuel, ou bien on fait preuve de beaucoup de patience parce qu'on croit dans la technologie, ou bien il vaut mieux rester à l'écart des biotechnologies. C'est le conseil que je donne à mes propres amis ! Moi-même, j'ai parfois du mal à appréhender le potentiel de projets qui ne sont pas de mon domaine de compétence...

Boursier.com : L'approche spéculative est donc dangereuse...

M.G. : Se contenter d'acheter tel titre parce qu'il monte ou de vendre parce qu'il baisse est un comportement très risqué, surtout si l'on vise un investissement très court. C'est à mon sens une erreur qui a contribué à faire tomber le secteur de la 'biotech' en Allemagne et en partie en France.

Boursier.com : Le problème n'est-il pas généralement un manque de culture biotechnologique au niveau européen ? On se souvient d'IDM ou de Flamel Technologies, parties lever des fonds aux Etats-Unis...

M.G. : Le problème est un manque de confiance envers les petites sociétés. Trop souvent, une mauvaise nouvelle est associée à un échec définitif et on se détourne de la société. Un important potentiel est ainsi gâché, cela est désastreux pour la recherche européenne. De plus en plus les sociétés de biotechnologie se tournent vers les Etats-Unis où les dirigeants rencontrent des investisseurs, des analystes et des journalistes qui comprennent la nature de cette activité et ses risques. Dans le cas de NicOx, pensez que les actionnaires américains représentent aujourd'hui plus de 60% du tour de table, contre seulement 10% lors de l'introduction en bourse ! Notre premier actionnaire avec 25%, l'américain Oppenheimer, est toujours resté présent, quelles que soient les difficultés.

Boursier.com : Une cotation sur le Nasdaq est-elle prévue ?

M.G : Pas à brève échéance.

Boursier.com : Tournons-nous maintenant vers la suite de l'année 2006 et les prochaines étapes...

M.G. : Concernant nos derniers accords, il est clair que deux sociétés aussi importantes que Pfizer et Merck & Co ont mis derrière ces projets des forces de frappe financière et humaine que NicOx ne pourrait déployer seule. Nos partenaires ont clairement l'intention de commencer le développement clinique le plus tôt possible, même si nous ne pouvons dire aujourd'hui à quelle date... Si l'on considère que les produits phares de Pfizer et Merck dans les domaines concernés (ophtalmologie et hypertension respectivement) perdent leur exclusivité en 2011, ils doivent préparer très rapidement des successeurs pour être prêts avant l'arrivée des génériques. Bien sûr le détail de ces programmes doit encore être déterminé.

Boursier.com : Qu'en est-il de votre molécule 3012 ?

M.G. : Il est plus que certain que nous aurons des nouvelles sur le futur de notre molécule phare 3012, dont les résultats de l'étude en cours devraient, selon les indications dont nous disposons aujourd'hui être prêts avant Noël. Qui plus est, nous discutons avec la FDA et l'EMEA pour définir, au-delà de cette première étude, quelles autres études seront nécessaires avant de déposer notre demande d'AMM. Tous ces éléments devraient contribuer à clarifier le potentiel de NicOx auprès des investisseurs. Le HCT3012 reste un projet à risque... toutefois, en cas de succès, le produit pourrait générer un chiffre d'affaires bien au-delà du milliard de dollars.

Boursier.com : Comptez-vous recruter un partenaire de développement à l'issue de ces premiers résultats de Phase III ?

M.G. : Nous avons des contacts avec plusieurs groupe pharmaceutiques, il est certain que NicOx ne dispose pas seul des moyens nécessaires pour commercialiser le HCT3012. Toutefois nous ne sommes pas pressés par le temps et notre priorité dans un premier temps est de définir précisément le programme d'études nécessaires à la constitution du dossier.

Boursier.com : Quel type d'accord cherchez-vous ?

M.G. : Nous rechercherons un accord du même type que notre accord avec Merck, c'est-à-dire en conservant des droits de co-développement et surtout de co-promotion. S'agissant d'un accord sur un produit beaucoup plus avancé, les conditions devraient également être plus avantageuses.

Boursier.com : Dans cette attente, avec les paiements reçus récemment, de quelle visibilité financière disposez-vous ?

M.G. : On peut parler de deux ans et demi sur la base des programmes en cours aujourd'hui, mais cela n'a guère de sens en réalité dans une société comme la nôtre puisque tout dépend des opportunités qui pourront se présenter à nous : soit pour lever de nouveaux fonds, soit pour suivre au-delà du HCT 3012 d'autres projets intéressants dans notre portefeuille de recherche.

Boursier.com : Le rachat d'un réseau pour vous aider à commercialiser d'éventuels médicaments est-il une option envisagée ?

M.G. : Notre objectif, si les projets avancent sur la bonne voie et nous permettent de continuer de façon indépendante, est de disposer de notre propre réseau de vente. Si les développements se poursuivent favorablement, 2007 sera l'année clé pour se préparer à devenir une société intégrée. Cela peut éventuellement passer par le rachat de produits ou de lignes de vente à condition que ce soit dans un domaine où NicOx sera présent dans le futur avec ses propres produits (aujourd'hui en cardiologie ou en rhumatologie avec le HCT3012).

Boursier.com : D'autres nouvelles prochainement des autres composés NCX 1000 et 1020 ?

M.G. : Pour le NCX 1000 nous attendons le début de la Phase II dans l'hypertension portale chez les patients cirrhotiques au cours du trimestre prochain, avec Axcan. Concernant le NCX 1020 dans la bronchopneumopathie chronique obstructive une étude de Phase II devrait commencer au cours du dernier trimestre 2006, en collaboration avec Topigen. Les résultats de ces deux études ne sont pas attendus avant 2007.

Propos recueillis par Guillaume Bayre
©2006 Boursier.com

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