Article complet d'Investir du 10/08
Comme promis la semaine dernière, voici l'article intégral de l'article d'Investir.
BIOTECHNOLOGIE.
Avec une capitalisation proche du milliard d’euros, la
première « biotech » française à avoir intégré, le 18 juin, l’indice SBF 120 et la cinquième société de biotechnologie européenne cotée en Bourse veut devenir d’ici à trois ans une société pharmaceutique intégrée.
Nicox dans la dernière ligne droite
Créée en 1996, la société de biotechnologie, qui compte au sein de son comité scientifique le chercheur américain Louis Ignarro (prix Nobel 1998 pour ses travaux sur l’oxyde nitrique), a développé une technologie de greffe d’oxyde nitrique sur des principes actifs connus (aspirine, paracétamol, naproxène). Cette approche novatrice, appliquée au traitement de la douleur et de l’inflammation, a donné naissance à une nouvelle classe, les Cinod, donneurs d’oxyde nitrique qui présentent une meilleure efficacité et moins d’effets indésirables notamment en termes de pression artérielle.
Nicox, qui s’est ainsi spécialisé dans l’inflammation et les maladies cardiométaboliques (diabète, hypertension…), affiche un portefeuille de onze composés en développement dont cinq sont en stade avancé (voir graphique) et six font l’objet d’accords de collaboration avec des laboratoires pharmaceutiques.
La société est déficitaire depuis sa création, car elle supporte les coûts relatifs aux molécules qu’elle développe en propre, sachant que son composé le plus avancé, le naproxcinod (dérivé du naproxène), représente aujourd’hui 90 % de ses dépenses de recherche.
Une technologie prometteuse
Ce produit tête de série de la classe des Cinod, que Nicox a décidé de développer seul après la rupture brutale en 2003 de son accord de collaboration avec le laboratoire AstraZeneca, est considéré comme le potentiel successeur des anti-inflammatoires Vioxx du laboratoire Merck, retiré du marché en 2004, et Celebrex de Pfizer, dont les indications ont été fortement restreintes pour cause de graves accidents cardio-vasculaires. Issus de la classe des Coxib (inhibiteurs de la Cox 2), ils tenaient leur succès (6 milliards de dollars en 2003) de leur bonne tolérabilité gastro-intestinale.
En effet, le marché mondial de l’inflammation liée à l’arthrose qui pèse 12 milliards de dollars, concerne essentiellement des personnes âgées pour lesquelles il devient problématique d’administrer sur longue période un anti-inflammatoire classique non stéroïdien (AINS), comme l’aspirine ou l’ibuprofène, du fait des risques d’ulcère intestinal. En outre, 40 % de cette population est estimée hypertendue. Ainsi, tous les AINS américains comportent un avertissement relatif à la tension artérielle.
Les résultats d’une première étude de phase III du naproxcinod de Nicox sur 800 patients ont démontré, en juin 2006, une bonne tolérabilité gastro-intestinale et surtout une réduction de la pression artérielle. Ils ont suscité l’enthousiasme des investisseurs, qui estiment son potentiel commercial entre 1 et 4 milliards d’euros. Ce profil de sécurité, qui a été validé en 2006 par les autorités de santé européennes et américaines (FDA), pourtant très précautionneuses après le retrait du Vioxx – elles n’ont pas imposé d’études complémentaires sur les risques cardio-vasculaires –, n’a pas échappé aux deux géants américains de la pharmacie impliqués dans l’affaire des Coxib. Ils ont signé, d’importants accords comportant un premier versement cumulé de 32 millions d‘euros pour avoir accès en phase préclinique à la technologie de Nicox, respectivement dans le domaine de l’ophtalmologie (Pfizer) et dans celui de l’hypertension (Merck). Pfizer en a profité pour entrer au capital de Nicox à hauteur de 2,8 %. On ne peut s’empêcher de parier que, au-delà de ces accords, ils ciblent le naproxcinod, si ce dernier démontre un potentiel de marché similaire à celui que représentait les Coxib.
La rapidité des avancées cliniques dans le cadre de ces collaborations est en outre prometteuse.
Pfizer a initié en mars une phase clinique II pour le traitement contre l’hypertension de l’oeil et Merck a annoncé en juillet l’entrée en phase I d’un premier composé.
Les deux géants américains, qui cherchent à défendre à tout prix leurs produits vedettes, respectivement le traitement du glaucome Xalatan (Pfizer) et l’anti-hypertenseur Cozaar (Merck) dont les brevets expirent en 2011, appliquent la technologie de Nicox sur ces derniers.
Mutation vers une société pharmaceutique
Le dénouement approche. A l’issue des résultats de deux nouvelles études de phase III venant de démarrer qui seront publiés au premier semestre 2008, un dossier d’enregistrement sera déposé début 2009 auprès des autorités de santé américaines et européennes, dans l’optique d’un lancement en 2010.
En menant le plus loin possible le programme de son anti-inflammatoire vedette, grâce aux 165 millions d’euros levés en moins d’un an, la société peut augmenter ses exigences en termes de royalties et mieux négocier ses conditions auprès d’un partenaire qui en assurera la commercialisation. « Nous souhaitons garder des droits de copromotion dans certaines zones géographiques et auprès de certains spécialistes », explique le président,
Michele Garufi.
Pour Gérard Pontonnier, analyste financier senior chez Euroland Finance, qui estime probable les candidatures de Novartis, Merck et Pfizer, «le partenaire sera nécessairement un grand laboratoire pharmaceutique, ce qui n’exclut pas un éventuel intérêt de ce dernier ou d’un autre groupe pour l’ensemble de la technologie des dérivés de l’oxyde nitrique via une OPA, le capital de Nicox n’étant pas verrouillé».
Anne Barloutaud
Un portefeuille de produits en phases avancées. Six molécules en phase clinique.
Six accords avec des acteurs de l’industrie pharmaceutique. Ils valident la technologie.
Un environnement favorable. Les grands laboratoires recherchent des relais de croissance.
Un profil de sécurité avantageux pour le produit vedette.Après le retrait du Vioxx en 2004, les autorités de santé américaines ont refusé en mai l’approbation du nouvel anti-inflammatoire de Merck, Arcoxia, pour risques cardio-vasculaires.
Une trésorerie confortable. Elle s’élève à 185 millions au 30 juin et permet d’assurer la phase finale du développement du naproxcinod.
Un attrait spéculatif élevé. Le flottant de 95 % pourrait inciter un laboratoire à lancer une OPA.
ANALYSE GRAPHIQUE
Tendance graphique hausse
Résistances/supports 21,35-22,75 / 17-13,80
Signature partenariat
Lancement naproxcinod, royalties est. 13 %
est. 2 Md€
Potentiel des ventes est. 1,5 Md€
Lancement traitement glaucome Pfizer,
royalties est. 11 %
Les données du pari Nicox + NO3
Au premier semestre,Nicox a enregistré un quasi-triplement de ses revenus de licence à 11 millions d’euros grâce aux premiers paiements d’étape de Pfizer et Merck. Toutefois, la perte devrait doubler en 2007 à environ 47 millions, compte tenu des essais cliniques de grande ampleur sur Naproxcinod démarrés en juin et des dépenses de prémarketing. La poursuite de la montée en puissance des revenus de licence et un accord de partenariat pour naproxcinod en 2008, qui entraînera un premier paiement conséquent, pourraient permettre à la société d’atteindre l’équilibre opérationnel dès 2009.
L’action est très spéculative, d’autant que le produit vedette, Naproxcinod, représente près de 50 % de la valeur de la société et que la probabilité d’échec en phase clinique III est estimée,conventionnellement,à 20% (contre 40 % en phase II).
La valorisation de la société reste un exercice difficile et aléatoire car elle est obtenue en actualisant les revenus potentiels des produits en développement jusqu’à l’échéance de leurs brevets (entre 2020 et 2030) auxquels sont appliqués les taux de royalties négociés avec le partenaire puis ajustés du risque d’échec en fonction des avancées cliniques. Ce chiffre doit être pondéré positivement par le fait que la technologie s’applique à des molécules déjà dans le domaine public.
A court terme,plusieurs éléments sont susceptibles de doper l’action :
des premières communications positives sur les études en cours sur le produit vedette pourraient précipiter la signature d’un accord de partenariat.
En outre, de nouveaux progrès cliniques pourraient être annoncés dans le cadre des accords avec Merck et Pfizer.
Un pari risqué mais un potentiel de rebond élevé
Dépendance à un produit. Si les résultats des deux dernières études de phase III ne confirmaient pas l’efficacité du naproxcinod, son développement pourrait être stoppé.
Potentiel commercial incertain pour le naproxcinod. Il dépendra du choix du partenaire, de sa force de frappe commerciale.
Forte volatilité de l’action. Elle varie en fonction de l’annonce des résultats cliniques.
NOTRE CONSEIL
Nous restons acheteurs à titre spéculatif pour parier sur un accord de commercialisation de naproxcinod et sur une possible OPA amicale sur la société. Objectif : 24 €.
Le titre vient de rebondir sur une zone de support très importante à 17€. La proximité de ce niveau permet d’envisager une reprise de la hausse.
Les indicateurs journaliers sont positifs. Viser 21,35 €, puis 22,75 € en extension.
(en 1ère page et article complet en page 20)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire