2005-04-27

Pourquoi la biotech IDM a dû devenir américaine

C'est l'histoire d'une jeune société française de biotech qui, faute de trouver les financements nécessaires à son développement sur Euronext, s'est résolue à devenir une société américaine en fusionnant avec une petite entreprise, elle-même cotée au Nasdaq.
Battre pavillon américain pour se financer : un comble pour cette start-up qui a su convaincre Sanofi-Aventis de nouer un partenariat de dix ans et prendre 14% de son capital.
Au terme de cette transaction, le numéro trois de la pharmacie mondiale peut choisir vingt des nouvelles molécules en développement d'IDM. Un produit a déjà été levé : Uvidem, contre le mélanome.
Le parcours d'IDM, créée en 1993 et devenue en l'espace de dix ans le leader mondial de la thérapie cellulaire appliquée à différentes formes de cancers, illustre à merveille l'absurdité du système français.
Il n'y a aujourd'hui pas, ou peu, de place sur le marché boursier pour les sociétés innovantes en quête de financement. La dernière introduction en Bourse d'une biotech remonte à 1999, avec Nicox. «Aux Etats-Unis, il y a plus de 350 sociétés de biotech qui sont cotées sur le marché boursier», rappelle Jean-Loup Romet-Lemonne, fondateur et président d'IDM. «Les sociétés qui sont profitables aujourd'hui sont celles qui ont réussi à lever 400 à 600 millions de dollars. Il y a un an, nous cherchions 80 millions d'euros dans le cadre d'une introduction en Bourse en France et nous ne les avons pas eus.»
A ses yeux, il est absolument vital pour l'avenir de l'industrie pharmaceutique française qu'un environnement favorable soit développé afin de permettre l'éclosion de sociétés comme la sienne. «Il faut accepter l'idée qu'une biotech se construise à partir d'une succession d'étapes et de financements, martèle-t-il, et si des mesures gouvernementales doivent être mises en place, elles doivent prendre en compte les besoins spécifiques à chaque étape.»
IDM estime avoir fait la preuve de sa capacité à développer des projets et à consolider son savoir-faire. «En dix ans, nous sommes devenus leader mondial dans notre secteur. Nous avons créé une équipe en adaptant les compétences ; nous avons passé toutes les barrières et réussi à lever 100 millions d'euros en cinq tours de table. Mais le jour où il a fallu lever des financements que ne pouvaient nous octroyer les capitaux-risqueurs, le marché ne nous a pas suivis. Il n'est pas habitué à évaluer et favoriser l'investissement dans ce secteur», regrette Jean-Loup Romet-Lemonne. Le fossé est effectivement immense entre les investisseurs et les entreprises : IDM avait besoin de 80 millions d'euros ; on lui en proposait 300 000... En outre, la question principale des investisseurs est de savoir quand la société gagnera de l'argent. Difficile à dire quand on ne fait pas de chiffre d'affaires et que ses produits ne sont pas encore sortis.
Pour permettre à IMD et à ses équipes de poursuivre les travaux de commercialisation d'un premier produit en 2006, Mepact, indiqué dans le traitement d'un cancer des os des adolescents (l'ostéosarcome), IDM a annoncé en mars sa fusion avec une jeune société américaine, Epimmune, cotée au Nasdaq. La trésorerie est assurée pour les dix-huit à vingt-quatre prochains mois. «Nous allons là où les règles du jeu financier sont beaucoup plus claires et où le secteur des biotechnologies a déjà une maturité et une visibilité», se défend le patron d'IDM, qui a récemment déménagé son centre de décision à San Diego.
Désormais un des deux centres de production, le business development, la finance et une partie des études cliniques seront basés de l'autre côté de l'Atlantique.
En revanche, Jean-Loup Romet-Lemonne tient absolument à maintenir la recherche et un centre de fabrication dans l'Hexagone. «Nous voulons garder la propriété intellectuelle et le pôle d'innovation en France», répète-t-il.
Une bonne nouvelle pour la centaine de salariés employés en France...

Source : lefigaro.fr

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