2005-08-19

Biotech et pharma, le grand rattrapage ?

Selon Xavier d’Ornellas, gérant spécialisé dans les valeurs biotech et pharmaceutiques, plusieurs facteurs soutiennent un retour vers le secteur

La récente acquisition par Pfizer de Vicuron Pharmaceuticals annonce-t-il le réveil du secteur en Bourse ?

Xavier d’Ornellas : Effectivement, nous pensons que cette opération, qui permet à Pfizer de renforcer son leadership dans les antibiotiques et les antifongiques, par son ampleur (1,9 milliard de dollars, prime de 84% par rapport au dernier cours coté), peut être un signal fort pour l’ensemble du secteur. D’ailleurs depuis, le 16 juin, date de l’annonce de cette acquisition, l’indice Nasdaq Biotech progresse de 5,5% contre 0,96% au S&P 500. Les investisseurs comment en effet à en tirer les conclusions. L’opération confirme que les biotechnologies sont une source majeure d’innovation pour l’industrie pharmaceutique qui utilise ses ressources financières considérables pour acquérir les nouveaux produits qui lui font aujourd’hui défaut.

Les investisseurs ont-ils vraiment envie de revenir sur des valeurs de biotechnologies qu’ils jugent souvent très risquées ?

X. d’O. : L’acquisition de Vicuron par Pfizer a été perçue positivement pour l’industrie pharmaceutique. Pour preuve, Pfizer a continué de progresser en Bourse après l’annonce de l’opération. Au total, je pense que le sentiment des investisseurs va continuer de s’améliorer. Le rebond des petites et moyennes valeurs va se poursuivre car cet événement agit comme un révélateur de la sous-évaluation des sociétés en début de cycle produit ou en phase finale de développement. L’aversion au risque a conduit les investisseurs à des excès de prudence. On voit avec Pfizer que lorsque ce n’est pas le marché boursier qui valorise une société, ce sont les industriels s’en chargent.

Quelles sont les valeurs qui pourraient profiter prioritairement ce rattrapage ?

X. d’O. : Les sociétés qui présenteront leurs résultats prochainement devraient être favorisées car je pense qu’ils seront, dans un certain nombre de cas, meilleurs qu’attendu. Je pense à Gilead, The Medecine Company, Cubist Pharmaceuticals. Le secteur pharmaceutique dans son ensemble devrait également bénéficier du changement d’attitude des investisseurs. Les groupes pharmaceutiques ont entamé des programmes importants de restructuration pour maintenir leur profitabilité. Ils disposent de moyens pour investir dans des entreprises de biotech en attendant les nouveaux produits issus de leur recherche interne. En Europe, nous apprécions particulièrement Roche et Sanofi-Aventis.

Les attentats de Londres ont-ils un impact particulier sur le secteur ? Plus généralement la menace terroriste pèse-t-elle sur les valorisations des biotech et des pharmaceutiques ?

X. d’O. Les attentats de New York et de Madrid avaient contribué à une forte augmentation de la prime de risque sur les marchés. La pharmacie et les biotechnologies en avaient souffert du fait de niveaux de valorisations plus élevés qu'aujourd'hui. Les attentats de Londres ne devraient pas avoir d'impact plus négatif pour la pharmacie ou les biotechnologies que sur le reste du marché. On peut même penser que ces événements vont contribuer au retour en grâce des valeurs défensives dont font partie ces deux secteurs.

Propos recueillis par Jean-François Eyraud

* Xavier d’Ornellas est responsable de la gestion chez CCR Chevrillon Philippe des fonds Mercure Pharmacie et Mercure Biotech

Aucun commentaire: