2006-03-25

a propos de strategie long terme

Je ne peux m'empêcher de citer un post paru sur Boursorama (post concerné) :
Les mauvaises raisons pour vendre
*Chronique extraite du volume « Investir à la Bourse et s’enrichir » de l’auteur Bernard Mooney.

Pour l'investisseur à long terme, il n'y a pas de plus grave bêtise que de vendre un titre uniquement parce qu'il s'est apprécié. C'est l'antithèse du placement à long terme intelligent et lucratif. Je l'ai déjà dit : l'objectif de l'investisseur à long terme n'est pas d'acheter un titre à 10 $ pour le revendre à 12 $, à 15 $ ou même à 20 $. L'objectif est de le conserver le plus longtemps possible de façon à multiplier son investissement initial par 10, par 100, voire par 1000.

Par exemple, Philip Fisher confiait dans une entrevue accordée au magazine Forbes en 1996 que chaque tranche de 10 000 $ qu'il avait investie dans Motorola en 1957 valait tout près de deux millions de dollars. Un autre titre qu'il n'a pas voulu nommer s'est apprécié par 60 entre 1977 et 1996. C'est le genre d'appréciation que vous devez viser (sans prétendre que c'est facile et que ces titres courent les rues).

Le comportement des investisseurs est souvent bizarre, très bizarre, sans relation avec le comportement relativement rationnel des êtres humains. Vendre un titre après une hausse de 50 % (par exemple), c'est comme dire que ce titre vient d'épuiser son potentiel. L'idée de cet investisseur est de prendre un profit rapide de peur que le titre ne dégringole par la suite.

C'est un comportement trop souvent dicté par les fluctuations boursières de tous les jours. Si vous avez acheté un titre en raison de son potentiel de croissance sur 10 ans, il est irrationnel de croire qu'après une appréciation de 50 %, il n'a plus de potentiel. Si c'est vrai, c'est que votre travail initial d'évaluation était déficient. Pensez de plus à tout votre travail d'analyse pour étudier et comprendre l'entreprise en question: avez-vous vraiment bien été récompensé pour tout ce travail?...

Une analogie simpliste fera comprendre l'irrationalité de ce comportement. C'est Georges Lafortune qui cherche l'âme soeur depuis plusieurs années sans succès. or, un jour, il rencontre une personne qu'il trouve bien de son goût. Après quelques rencontres, il constate qu'effectivement ils ont beaucoup de plaisir ensemble et qu'ils partagent bien des valeurs et des intérêts et que, en plus, c'est réciproque.

Si Georges est un investisseur comme on en voit souvent, c'est maintenant le temps de dire adieu à la personne rencontrée... de vendre pour tenter d'en trouver une autre. Stupide, dites-vous? Bien sûr que c'est stupide. C'est un comportement stupide dans la vraie vie comme c'est stupide de vendre une compagnie à la Bourse parce que son titre s'est apprécié de quelques points de pourcentage ou de quelques dollars.

Cela me rappelle Fred Housel, photographe de la région de Seattle qui est devenu millionnaire en conservant des actions de Microsoft pendant plus de 10 ans. J'ai lu l'histoire de M. Housel dans le quotidien Wall Street Journal en 1999. Il a acheté 100 actions de Microsoft en octobre 1986, en a vendu puis en a racheté. En juin 1999, ses actions valaient 1,2 million de dollars. Si le fait de garder ses actions est un si grand exploit, il ne manque pas de préciser que s'il n'avait vendu aucune action, son placement original vaudrait 3,8 millions.

Il y a plusieurs enseignements dans l'aventure de Fred Housel. D'abord, lorsque Microsoft est devenue société ouverte en mars 1986 à 21 $, le titre était déjà très populaire dans la région. Il n'a pas acheté à ce moment. Le titre s'est apprécié de 33 % le premier jour à la Bourse et il a cru qu'il devenait trop cher. «Je me suis dit : Maudit, je l'ai manqué. » C'est une réaction stupide d'investisseur néophyte. Pour un investisseur à long terme, ce n'est pas un bond de 30 % du titre qui lui enlève son potentiel.

Par la suite, le titre s'est stabilisé et M. Housel a pris son courage à deux mains et a acheté 100 actions à environ 30 $ US. Le titre a rapidement grimpé à 40 $ US. Il a vendu pour encaisser un profit rapide de 1000 $ US en six semaines. Il se prenait pour un génie de la Bourse à ce moment, mais aujourd'hui il se pose la question: «Que vaudraient ces actions vendues à la hâte?» (Réponse: 1,3 million de dollars en juin 1999 et chacune de ces actions est devenue 144 actions après les fractionnements.)

Fred Housel a eu la sagesse d'acheter à nouveau, ce que plusieurs investisseurs n'osent jamais faire, se disant qu'ils ont définitivement manqué le bateau. La hausse d'un titre fait partie du passé et ne devrait pas influencer le jugement de l'investisseur lorsque vient le temps d'analyser son potentiel futur. En juin 1987, il a acheté 150 actions à environ 108 $ US chacune, tout juste avant le célèbre krach de 1987. Malgré la dégringolade du titre (plus de 30 %), il a conservé ses actions de Microsoft. il avait perdu plus de 5 000 $ US sur son placement de plus de 16 000 $ US. Il a même racheté 100 nouvelles actions en 1988, après avoir vendu d'autres titres en portefeuille. Le titre avait rapidement regagné le terrain perdu. Combien d'investisseurs rachètent des actions de leur titre gagnant après avoir vendu des perdants? Trop peu. La plupart rachètent de leurs perdants après avoir vendu de leurs gagnants.

Par la suite, le titre n'a rien fait pendant 18 mois, une période proche de l'éternité pour l'investisseur typique. Pendant les années qui ont suivi, M. Housel n'a pas fait grand-chose et il remercie son courtier en valeurs mobilières pour cela. Chaque fois qu'il se sentait sur le point de paniquer, son courtier le réconfortait.

Il a commencé à vendre de ses actions au milieu des années 1990 pour financer la construction d'une maison de 335 000 $ US. Entre 1995 et 1997, il a vendu 1300 actions et il a donné 700 actions à son épouse et à d'autres parents. Il a commenté justement au Wall Street Journal: «Chaque fois que j'ai vendu des actions de Microsoft, je l'ai regretté. » En juin 1999, ses 14 000 actions restantes valaient 1,2 million de dollars, soit environ 115 fois ce qu'il a payé.

Ce placement représente une très grande partie de son portefeuille et de son avoir. Chaque fluctuation du titre a un impact massif sur sa valeur nette et cela peut être très énervant. il faut donc du courage pour conserver un grand gagnant comme Microsoft au fil des ans, beaucoup plus qu'on peut l'imaginer. Beaucoup plus en tout cas que pour vendre un titre après un soubresaut de 30 %, souvent le fruit du hasard boursier.. (Je me dois d'ajouter cette parenthèse, écrite au milieu de 2001: deux ans, plus tard, le titre de Microsoft se retrouve à un prix inférieur à ce qu'il était au moment de l'article du Wall Street Journal. Ce n'est jamais arrivé dans son histoire. De plus, en 2000, il a perdu environ 60 % de sa valeur. Je me demande si M. Housel a vendu ou s'il a suffisamment la foi pour être patient.)

Microsoft a été un des titres les plus performants des 15 dernières années, mais je serais curieux de savoir combien des personnes qui ont eu la chance (ou le génie) de l'acheter à sa première année en Bourse l'ont conservé plus de cinq ans. Combien ont vendu pour la simple et stupide raison que le titre s'était apprécié de 50% ou 100%? C'est une erreur stupide parce qu'une entreprise ne cesse pas de progresser parce qu'on a vendu ses actions. Et si elle conserve son potentiel de croissance, plusieurs années plus tard on prend conscience de la dimension de l'erreur.

La grande règle d'or de la Bourse pour l'investisseur à long terme est de conserver ses gagnants longtemps, le plus longtemps possible... d'une part, parce qu'ils sont si rares (les compagnies de la trempe de Microsoft sont TRÈS rares) et, d'autre part, parce que c'est la seule façon de laisser le temps faire son oeuvre. Le temps permet à la compagnie de réaliser tout son potentiel et le temps vous permet de profiter de cette croissance qui s'exprime par l'effet des intérêts composés à l'abri des vices comme l'impôt et des frais de transactions.

Si les années m'ont appris une chose, c'est qu'il est toujours trop tard lorsque vient le temps de vendre un titre de qualité médiocre et toujours trop tôt lorsqu'il est question de vendre une entreprise exceptionnelle.

Bernard Mooney

Merci à big_eric d'avoir diffusé cette chronique.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Extrait à méditer lorsque l'on est tenté de vendre ses actions ( pour moi mes gagnantes TLT sont SOI et COX )