2007-02-10

NicOx et Biotechs dans dossier Investir

Nicox a retrouvé son statut de star en 2006. La société, qui a mis au point une technologie de greffe d’oxyde nitrique sur des médicaments connus pour en réduire les effets secondaires et en augmenter l’efficacité, a vu son cours sextupler l’année dernière après la signature d’accords majeurs avec les géants Pfizer et Merck (sur des composés en phase préclinique), assortis de paiements échelonnés d’un total de 680 millions d’ici à 2015. Ce n’est vraisemblablement pas une coïncidence si les deux laboratoires s’intéressent à la technologie de Nicox dont le produit le plus avancé, l’anti-inflammatoire Naproxcinod, est considéré comme un possible successeur du Celebrex (Pfizer) et du Vioxx (Merck), retiré du marché.
Il a obtenu l’année dernière un aval des autorités américaines (FDA) pour son entrée en phase clinique III, grâce à son absence d’effets secondaires cardio-vasculaires.
Son potentiel de ventes annuelles est estimé, selon les analystes, entre 2 et 4 milliards sur la période 2014-2018.
Grâce au succès de sa récente augmentation de capital de 130 millions, Nicox prendra en charge les essais du Naproxcinod sur plusieurs milliers de patients sans faire appel à un partenaire. L’objectif est de maximiser le taux de royalties futures, qui
pourrait ainsi passer de 10 % à 15 %. De nombreuses avancées cliniques sont attendues
en 2007 sur les neuf autres produits du portefeuille.

NOTRE CONSEIL
Malgré la dilution d’environ 15 % liée à l’augmentation de capital, le cours a retrouvé son niveau d’avant l’annonce de l’opération.
Nous restons acheteurs, à titre spéculatif, avec un objectif maintenu à 26 €.

Les valeurs de biotechnologie
Les laboratoires pharmaceutiques sont prêts aujourd’hui à payer de plus en plus cher pour remplir leur portefeuille de produits innovants. Le retour en grâce des sociétés de biotechnologie qui s’est amorcée aux Etats-Unis se ressent actuellement en France, où l’engouement des investisseurs ne se dément pas, comme le montre le succès du flot récent d’introductions.
Le secteur des biotechnologies n’a pas dit son dernier mot.
Après une médiocre performance au cours des six premiers mois de l’année 2006 (– 11,6 %), l’indicateur de référence, le Nasdaq Biotech, a gagné 18 % depuis son point bas de juillet. Ce rattrapage boursier ne serait pas près de s’arrêter, selon les experts du secteur. La principale raison en est structurelle.
La biotechnologie est en effet devenue le principal moteur de croissance future des industriels de la pharmacie, dont les perspectives sont plutôt sombres.
D’ici à 2009, près de 9 milliards de dollars de ventes de médicaments seront soumis à la menace générique du fait de l’expiration de leurs brevets. Par ailleurs, les baisses de prix imposées par les Etats en Europe pour limiter les dépenses de santé et auxquelles seuls échappent les médicaments innovants vont se poursuivre. Seule solution pour les laboratoires : prendre le train des nouvelles thérapies de pointe développées par les sociétés de recherche qui ont fourni 60 % des nouveaux médicaments lancés en 2006, alors que ce ratio n’était encore que de 20 % en 2000. A ce titre, Roche a été un précurseur en prenant un participation majoritaire en 1990 dans le capital de la société américaine Genentech. L’explosion des ventes de l’anticancéreux Avastine, un anticorps génétiquement modifié mis au point par Genentech, permet notamment au laboratoire suisse d’afficher les plus belles perspectives de croissance de bénéfices du secteur d’ici à 2008.
Une vague d’acquisitions sans précédent
Depuis le début de l’année 2006, partenariats et rapprochements entre acteurs de la biotechnologie et de la pharmacie se sont multipliés à un rythme effréné. Les primes d’acquisition élevées, en moyenne supérieures à 60 %, ont entraîné une surenchère du prix des opérations. Le numéro un mondial de la pharmacie, Pfizer, a d’ailleurs affiché sa volonté de devenir un des premiers acteurs de la biotechnologie en accélérant les acquisitions dans ce secteur.
Ce climat favorable a joué un rôle stimulant en France, où, depuis novembre 2005, quatre sociétés, Exonhit Therapeutics, BioAlliance, Innate Pharma et Genfit (placement privé sur Alternext), ont été introduites en Bourse avec des taux de souscription élevés (plus de deux fois l’offre initiale). Cette semaine, l’arrivée de Cellectis sur Alternext a été un nouveau succès.
« Nous avons été étonnés de l’engouement de fonds généralistes qui n’avaient jusqu’ici que peu d’affinités avec la biotechnologie et qui cherchent incontestablement une alternative à leurs investissements dans la pharmacie », s’est réjoui Rodolphe Besserve, analyste de la banque introductrice, Société Générale.
Une dizaine de nouveaux dossiers seraient actuellement à l’examen pour une entrée en cours d’année.
Il est vrai qu’hormis BioAlliance, dont l’action est restée stable, les parcours boursiers ont été brillants : Genfit, Innate et Exonhit ont affiché des progressions enviables de respectivement 55 %, 75 % et 145 % par rapport à leur prix d’introduction.
Par ailleurs, la performance spectaculaire de Nicox (+ 550 % en 2006), dont la capitalisation frôle le milliard d’euros, a réconcilié les investisseurs avec la prise de risques.
Le facteur risque
Car il faut bien garder à l’esprit que l’investissement dans une société de biotechnologie reste très spéculatif.
En perte structurelle, ces affaires n’ont pour l’essentiel pas encore commercialisé de produits.
Leur objectif pendant les cinq à dix ans qui leur sont encore nécessaires pour mettre au point un produit est de susciter l’intérêt d’un partenaire pharmaceutique susceptible de verser des paiements d’étapes, de prendre en charge les dernières phases de développement onéreuses (tests sur des milliers de patients) et de verser des royalties lors de la commercialisation, voire de le racheter. La probabilité d’échec est très élevée. Elle diminue à mesure des avancées cliniques du composé. La méthode de valorisation classique par PER ne peut s’appliquer et une valorisation
par les flux qui repose sur l’anticipation de futures royalties à un horizon de plus de dix ans est risquée.
Le cabinet Bionest Partners a donc conçu une méthode de valorisation fondée sur la comparaison d’un panel de sociétés. Elle applique une notation à cinq principaux thèmes : les projets cliniques en cours, leur état d’avancement, les extensions possibles d’indications par produit, l’existence d’accords de licence ou de partenariats ainsi que la taille des pathologies visées. L’annonce d’une évolution même minime d’un seul de ces facteurs peut influencer fortement les cours à la hausse ou à la baisse, ce qui nécessite d’avoir le coeur bien accroché.

Anne Barloutaud
Source : Investir
Dossier Bio-Tech -- 1ère page
ÉTUDES SECTEUR BIO-TECH
Samedi 10 février 2007
Investir n° 1727

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