2007-09-30

AMF sanctionne un délit d'initié datant de 2003

(Easybourse.com) L’AMF vient de sanctionner deux personnes, accusées d’avoir exploité une information privilégiée ‘en pleine connaissance de cause’, concernant une mystérieuse ‘société Z’. L’affaire a eu lieu en septembre 2003, lorsqu’une rupture de partenariat avec le laboratoire Astra-Zeneca avait provoqué l’effondrement du titre Nicox.

Epinglés. Une sanction pécuniaire de 75 000 euros a été infligée à ‘Monsieur B’, tandis que ‘Madame A’ a écopé de 11 000 euros.

Derrière ces deux noms énigmatiques, se cachent deux personnes à l’origine d’un délit d’initié survenu le 22 septembre 2003. Si leur identité n’est pas encore connue, la mystérieuse ‘société Z’ est facilement identifiable…

«La société Z, créée en (…) et admise au nouveau marché d’Euronext Paris le (…), est une société de recherche et de développement pharmaceutique spécialisée dans les composés nitrés, destinés essentiellement au traitement des douleurs, des inflammations et des maladies cardiovasculaires», explique l’AMF.

Le 23 septembre 2003, Nicox perdait 26%

En France, en 2003, moins d'une dizaine de sociétés biopharmaceutiques étaient cotées en bourse (11 aujourd'hui), et Nicox est la seule qui répond à ces critères.

Pour s’en convaincre, il suffit de jeter un coup d’œil sur la plaquette de l’entreprise : «Nicox est une société biopharmaceutique orientée vers le produit dédiée au développement de composés donneurs d’oxydes nitriques pour des indications où il existe des besoins médicaux non satisfaits.»

Cette société Z, pour ne pas la nommer, a donc, en 1998, signé un accord de partenariat avec la société Y pour le développement de deux produits appartenant à une classe dénommée W, les composés U et V, «candidats-médicaments», constituant des anti-inflammatoires non stéroïdiens destinés notamment au traitement de l’arthrose.

Le communiqué de l’AMF poursuit : «Ce partenariat a été rompu le 19 septembre 2003 à l’initiative de la société Y. A l’annonce de cette rupture, le 23 septembre 2003, le cours de l’action 2 a reculé de 26%, passant de 5,30 euros à 3,95 euros dès l’ouverture de la séance.»

Des moins-values spectaculaires ont été évitées

C’est dans le laps de temps qui s’est écoulé entre la décision de rompre le partenariat et l’annonce de cette rupture que Madame A et Monsieur B ont écoulé respectivement 6 900 et 55 000 actions de la ‘société Z’.

C’était le 22 septembre 2003 ; soit la veille de l'effondrement du titre. Les deux actionnaires bien informés ont donc pu éviter une moins-value spectaculaire : 74 800 euros pour Monsieur, et 10 695 pour Madame. Une excellente intuition !

Pas de chance pour les compères aux noms alphabétiques : l’AMF a repéré que ces transactions avaient eu lieu dans des portefeuilles sur lesquels aucune opération ou presque n’avaient été enregistrés depuis leur création.

La fuite serait partie d'un certain 'Monsieur C'

La ‘société Y’ fait logiquement référence à Astra-Zeneca, un laboratoire suédois ; ‘W’ désigne la classe CINOD (des donneurs d’oxyde nitrique inhibiteurs de la COX), tandis que les composés ‘U’ et ‘V’ sont respectivement le AZD3582 et le AZD4717.

La fuite se serait produite par l’intermédiaire d’un membre du comité consultatif de Nicox - un certain ‘monsieur C’ -, qui a «collaboré de manière intensive avec cette société» et pour qui, selon l’AMF, la rupture n’était pas inattendue.

Monsieur C était donc fort bien informé sur les activités et les partenariats de la société Z. Or ce fameux monsieur C, également professeur-associé de gastro-entérologie au sein d’une université dont le nom est lui aussi tenu secret par l’AMF, n’est autre que «le mari de Mme A et, comme celle-ci, l’un des collaborateurs de M. B.» Elementaire…

A mi-séance, le titre Nicox perdait 0,25% à 16,21 euros à la bourse de Paris.

Antoine Pietri
Publié le 21 Septembre 2007
Source : Easybourse

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