2008-08-22

L'AMCOX contredit sérieusement l'analyse de Goldman Sachs

(Tradingsat.com) - Le mouvement de correction de l'action NicOx prend des allures de descente aux enfers. Après 4 baisses consécutives, le titre plonge de plus de 11% supplémentaires à 6.5 euros, au plus bas depuis mars 2006. La chute frôle les 30% en l'espace de 5 séances.

Alors que le programme de développement du produit phare de la société, le naproxcinod, est dans sa dernière ligne droite, les craintes sur le potentiel commercial du composé en question ont rarement été aussi fortes. La faute à la publication récente (le 12 août) d'une étude des analystes de Goldman Sachs que les actionnaires de la société de biotechnologie pourraient qualifier d' « assassine ».

Dans un long communiqué détaillé, Olivier Guyonnet, président d'AMCOX, Association des actionnaires particuliers de NicOx prend d'ailleurs aujourd'hui le contre-pied de chacun des arguments du broker américain.

En préambule, il s'étonne de la date choisie pour la diffusion de cette étude, « puisqu'elle se situe à environ un mois de la publication des très importants résultats de l'étude clinique 302, qui permettront en grande partie de valider le potentiel thérapeutique du naproxcinod ».

Olivier Guyonnet fait également remarquer, à juste titre, que « l'analyste de Goldman Sachs ne fait pas partie des analystes suivant régulièrement la valeur », ce qui d'après lui « explique sans doute que l'étude contienne de nombreuses et importantes inexactitudes ».

En particulier, l'argument selon lequel le naproxcinod n'aurait pas fait la démonstration d'une réelle différentiation vis-à-vis du naproxène, particulièrement en matière d'effet sur la tension artérielle, est taillé en pièces par le président d'AMCOX :

« Selon l'analyste, le naproxcinod n'aurait pas fait la démonstration d'une réelle différentiation vis-à-vis du naproxène, particulièrement en matière d'effet sur la tension artérielle. Certaines études démontreraient même qu'il augmente la tension. Il avance par ailleurs que la dispersion des mesures de tension effectuées lors des essais rend la valeur moyenne sujette à caution. Les études auxquelles l'analyste fait référence ne visaient pas à évaluer les effets du naproxcinod sur la tension artérielle, mais ses effets gastro-intestinaux (études Hawkey & al, Lohmander & al), sur la fonction rénale (étude Huledal & al), ou sur la douleur (Schnitzer & al, 2005). La mesure de la tension artérielle n'y faisait pas l'objet d'une méthodologie stricte et reproductible, puisqu'elle ne faisait pas partie des critères principaux d'étude. Ainsi, par exemple, le délai entre l'administration du médicament et la prise de tension, n'était ni contrôlé, ni a fortiori reproductible dans l'étude Schnitzer. De plus, certaines (Hawkey, Lohmander) s'accompagnaient d'endoscopie de contrôle des effets gastro-intestinaux : or, il est clairement établi à ce jour que les endoscopies augmentent la pression sanguine et le rythme cardiaque (Yagi & al – 2005, Ristikankare & al – 2006, Mori & al – 2008). Ces études ne peuvent donc pas servir de référence à la comparaison des effets d'un médicament sur la tension. Enfin, le nombre de patients était trop faible pour donner un caractère significatif à ces mesures de tension. Seule l'étude Lohmander portait sur une large population (970 p.), mais elle comportait un examen endoscopique systématique, ce qui la discrédite pour le critère de mesure de la pression sanguine.
L'approche adoptée par l'analyste n'est donc en rien scientifique, puisqu'il tente d'obtenir des données physiologiques comparatives à partir d'études n'ayant pas été menées dans ce but. Une telle approche disqualifierait gravement une société pharmaceutique vis-à-vis des autorités de régulation.
Quant à la dispersion des mesures, elle est inhérente à la nature humaine, et constatée dans toutes les études cliniques de composés thérapeutiques, y compris d'antihypertenseurs. C'est pourquoi les groupes de patients soumis à ces études doivent être importants pour que la significativité statistique des résultats soit atteinte. »

Olivier Guyonnet contredit également l'affirmation de Goldman Sachs selon laquelle la notice du naproxène ne comporte pas d'avertissement sur le risque d'augmentation de la tension :

« Depuis 2006, à la demande de la FDA, les notices de tous les génériques du naproxène comportent un avertissement sur le risque d'augmentation de l'hypertension. A titre d'illustration, on pourra se référer à celle de NAPROSYN, le naproxène commercialisé par Roche, qui précise depuis le 24 janvier 2006 : « Hypertension : les anti-inflamatoires non stéroïdiens (NSAIDs), incluant le NAPROSYN, le EC-NAPROSYN, l'ANAPROX, l'ANAPROX DS, et le NAPROSYN Suspension, peuvent conduire à l'apparition d'une hypertension, ou l'aggravation d'une hypertension préexistante, chacune pouvant contribuer à l'augmentation de l'incidence d'accidents vasculaires cérébraux. (...) Les NSAIDs, incluant le NAPROSYN, le EC-NAPROSYN, l'ANAPROX, l'ANAPROX DS, et le NAPROSYN, doivent être utilisés avec précaution chez les patients hypertendus. La pression sanguine doit être étroitement contrôlée dès le début du traitement et tout au long de la thérapie. »

Quant au risque d'effets secondaires inconnus à ce jour que pourrait présenter le naproxcinod, Olivier Guyonnet rappelle que « c'est un fait qui touche tout nouveau médicament ». Il qualifie cette remarque de « générique et de simple prudence » et ne la considère pas comme « un argument de défiance ».

Enfin, à propos de la valorisation particulièrement basse de 3.2 euros donnée par Goldman Sachs pour l'action NicOx à l'horizon d'un an, le président d'AMCOX la juge incongrue étant donné que « la propriété intellectuelle et les droits exclusifs mondiaux de commercialisation d'un composé thérapeutique, ayant achevé son développement clinique, ont un "prix de marché" de 2 à 3 fois le chiffre d'affaires escompté au pic des ventes ». Il conclut :

« Ainsi, dans l'hypothèse - défavorable à ses actionnaires – où NicOx changerait radicalement de stratégie de développement, vendant purement et simplement l'ensemble de ses droits sur le naproxcinod en 2009, et sur la base de l'estimation minimaliste de l'analyste (soit 530 millions de dollars de chiffre d'affaires au pic des ventes), la société pourrait en obtenir entre 1 et 1.5 milliard de dollars (0.68 à 1 milliard d'euros), soit 14 à 20 euros par action NicOx.
En comptant pour nulles les valeurs du capital humain, du capital intellectuel (hors naproxcinod) et des partenariats en cours, et avec une trésorerie de l'ordre de 100 millions d'euros, la "valeur à la casse" de NicOx en 2009 serait donc de 16 à 22 euros par action, soit 5 à 7 fois l'estimation de l'analyste ».

Source : Tradingsat

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