2008-08-26

"Sur la seule base du naproxcinod, le titre devrait valoir deux à trois fois son cours actuel"

NicOx, société biopharmaceutique basée à Sophia Antipolis, développe des médicaments avec une nouvelle technologie brevetée, la libération d'oxyde nitrique. Le groupe azuréen a, depuis plusieurs années, lié des partenariats avec des grands groupes pharmaceutiques. A une étape clé de son développement, le titre NicOx est chahuté en Bourse depuis quelques semaines notamment à cause d'une étude négative qui a été publiée par la banque américaine Goldman Sachs. NicOx vient également d'annoncer la fin du développement par Pfizer d’un traitement potentiel contre le glaucome. Le PDG Michele Garufi fait le point sur les perspectives de NicOx. Le groupe est notamment sur le point de publier les résultats d'une étude essentielle sur son composé phare, le naproxcinod, luttant contre l'arthrose.


Capital.fr : Le mois d'août, qui est sur le point de se terminer, a été très dur pour le titre NicOx, qui a perdu près de 30%. Malgré l'échec avec Pfizer sur le glaucome, vous gardez un optimisme sans faille.
Michele Garufi : Pfizer comptait sur le PF-03187207 pour succéder à son traitement contre le glaucome, le Xalatan, qui génère un chiffre d'affaires de 1,5 milliard de dollars par an. Le laboratoire américain a donc mis la barre très haut. Si notre molécule n'a pas entièrement satisfait Pfizer – elle n'a pas un potentiel de vente comparable au Xalatan – c’est un produit enregistrable dont ils reconnaissent la valeur. C'est pourquoi Pfizer nous a proposé de négocier les droits de commercialisation en priorité et nous sommes actuellement au début des discussions.

Capital.fr : Votre composé phare reste le traitement contre l'arthrose, le naproxcinod, pouvez-vous nous donner une date précise pour l'annonce des résultats de l'étude 302, destinée à évaluer l'efficacité du naproxcinod à traiter les signes et symptômes de l'arthrose ?
Michele Garufi : Les résultats de l'étude 302 seront rendus publics, dès qu’ils seront connus, au mois de septembre et les résultats de l'étude 303 et de deux études utilisant la technique de Mesure Ambulatoire de la Pression Artérielle (MAPA) le seront avant la fin de l'année, ce qui devrait finaliser la phase de développement du naproxcinod. La suite logique serait la signature d'un partenariat suite aux prochains résultats.

Capital.fr : Votre technologie repose sur la libération d'oxyde nitrique, censée améliorer la performance des traitements notamment contre l'arthrose, êtes-vous toujours aussi confiant sur le bien fondé de cette technologie ?
Michele Garufi : Nous sommes très confiants en ce qui concerne notre technologie et nous ne sommes pas les seuls. Même si nous avons connu un échec partiel avec Pfizer, notre partenariat avec eux reste toujours aussi fort, notamment avec le programme de recherche en cours dans la rétinopathie diabétique qui a fait des progrès importants.
En outre, Merck & Co est très impliquée dans notre collaboration portant sur plusieurs molécules utilisant notre technologie pour développer un nouvel anti-hypertenseur et investit massivement dans différents essais cliniques préliminaires. Notre composé lié aux pathologies respiratoires est en cours d'étude de phase II avec le laboratoire canadien Topigen. Le groupe pharmaceutique Ferrer est également un partenaire privilégié dans la dermatologie. Enfin, nous avons un projet interne intéressant concernant les statines donneuses d'oxyde nitrique.

Capital.fr : Pfizer est réputé être un redoutable prédateur de sociétés biotechnologiques prometteuses. Votre société est-elle une de leurs cibles potentielles?
Michele Garufi : Nous pensons qu’il est peu probable que Pfizer lance une OPA, mais en tant que société cotée, nous ne sommes pas à l’abri d’une offre. Si jamais nous avions à étudier une offre, elle devrait être basée sur la valeur réelle de notre entreprise, qui n'est pas celle d'aujourd'hui. Dans son étude, Goldman Sachs a estimé le potentiel commercial du naproxcinod à 500 millions de dollars (340 millions d'euros) par an. Or, lorsqu'une entreprise pharmaceutique est rachetée, c'est au minimum sur la base de 2 à 3 fois les ventes annuelles de ses produits. La valeur du naproxcinod seul devrait donc être évaluée, dans le pire des cas, entre 700 millions et 1 milliard d'euros, contre une capitalisation boursière de 350 millions d'euros actuellement pour l’ensemble de la société.

Capital.fr : Au niveau financier, avez-vous les moyens de vos ambitions, comptez-vous faire à nouveau appel au marché ?
Michele Garufi : Si le développement du naproxcinod se déroule comme prévu, nous devrions recevoir un paiement initial pour sa licence auprès d’un partenaire, qui pourrait nous permettre de financer non seulement les activités de pré-commercialisation du naproxcinod, mais aussi le développement du PF’207 contre le glaucome. Dans tous les cas, notre trésorerie actuelle nous permettrait largement de financer tous nos projets.


Propos recueillis par Fabrice Pelosi

Source : Capital

1 commentaire:

Catherine Grisay a dit…

Bravo pour ton travail et le sérieux de ton blog !et merci pour tous les coxiens !