2007-07-04

Interview d'Eric Castaldi sur Easybourse

Eric Castaldi
directeur financier de Nicox
«S'agissant du partenariat, ce qui nous intéresse, c’est de recevoir des droits commerciaux»

(Easybourse.com) En dépit de son entrée au SBF120, le titre NicOx traverse une zone de turbulence liée notamment à l’interruption du NCX 1000 et à la suspension du NCX 4016. Quel message voudriez-vous adresser à vos actionnaires ?
En ce qui concerne le NCX 1000, ce n’était pas l'un des programmes les plus importants de notre portefeuille de produits. NCX 1000 est un produit que nous avions en développement avec Axcan et sur lequel il fallait avoir la preuve du concept clinique, et celui-ci n’était pas du tout acquis. L’hypertension portale, la manifestation la plus courante des affections hépatiques chroniques, est une maladie très difficile pour laquelle il n’y a pas de traitement aujourd’hui. Nous savions que c’était un programme très risqué. En termes de valeur pour NicOx, il n’était pas significatif du tout.

Concernant le NCX 4016, le programme n’est pas remis en cause pour l’instant. Il est retardé parce que nous avons constaté qu’un métabolite, la substance qui pourrait provenir de la molécule lorsqu’ elle se casse dans le plasma, a démontré avoir une positivité dans des tests de génotoxicité in vitro.

Dans le test que nous avions fait avec cette molécule in vivo, nous n’avions pas vu de positivité. Il est important de mentionner que cela ne concerne que ce métabolite, parce qu’il a une structure moléculaire spécifique et qu’il est généré seulement à partir du NCX 4016. Aucun autre candidat-médicament de notre portefeuille de produits ne pourrait générer ce type de métabolite.

Nous allons faire des tests et voir ce qui va en ressortir. Le seul dommage, c’est le retard du programme dans une indication, le traitement du diabète de type 2, qui est intéressante pour nous,. Mais encore une fois, nous ne sommes pas très inquiets. Ce sont des choses qui arrivent régulièrement dans le développement de produits pharmaceutiques. Cela ne remet pas du tout en cause la technologie.

Les turbulences dont vous parlez sont, sans doute, en partie liées à l’interruption du NCX 1000 et au retard du programme sur le NCX 4016, parce que nous avons une grosse composante de l’actionnariat qui est maintenant détenue par le public. Par le public, j’entends des gens qui ne sont pas forcément spécialisés. Ils vont quelquefois réagir un peu rapidement à des annonces sans nécessairement avoir toutes les informations et sans comprendre toutes les données liées au problème. En outre, les marchés sont un peu volatiles en ce moment.

Pour nous, ce ne sont que des incidents mineurs et nous restons très confiants pour la suite des activités de NicOx.

Combien de temps devraient durer les études de génotoxicité du NCX 4015 ?
Difficile de répondre précisément parce qu’il y a toute une série de tests que nous devons d’abord définir et effectuer.


Ces études constituent-elles une menace pour le devenir du NCX 4016 ?
Pour l’instant, c’est un peu prématuré. Il va falloir que nous conduisions des tests supplémentaires pour élucider cette question, si je peux dire. Il est déjà arrivé que des médicaments enregistrés sur le marché aient généré, à un moment donné dans leur développement, un signal de génotoxicité.

L’attention du marché se focalise sur le naproxcinod, véritable réservoir de valeur pour NicOx. Envisagez-vous de communiquer les résultats de l’étude 302 à mi-parcours ? A quelle date allez-vous initier l’étude 303 ?
Nous ne donnerons pas de résultats intermédiaires d’efficacité sur l’étude 302. Les résultats sont attendus à la mi-2008. C’est une étude de 53 semaines au total sur des patients atteints d’arthrose du genou dans laquelle les critères d’efficacité vont être mesurés à 13 semaines et 26 semaines.

Quant à la 303, nous avons recruté notre premier patient jeudi dernier. C’est une étude qui va nécessiter le recrutement de 800 patients atteints d’arthrose de la hanche. Elle est nécessaire pour l’enregistrement aux Etats-Unis. La FDA nous a demandé de faire cette étude. Les résultats seront connus à la mi-2008 également.

Au premier trimestre 2009, nous ferons la première demande d’enregistrement du naproxcinod auprès de la FDA.

S’agissant du partenariat et devant l’enjeu qu’il représente pour la société, pouvez-vous nous indiquer si celui-ci sera conclu avant la fin de l’année ?
Je n’ai aucune indication à vous donner sur ce sujet. Nous avons reçu les données de la première étude de phase 3 du naproxcinod fin 2006. Puis, nous avons levé des fonds, ce qui nous a pris pratiquement deux mois. Nous avons commencé à présenter des données à des partenaires potentiels. Nous sommes depuis en discussions pour examiner la possibilité d’un accord avec plusieurs groupes pharmaceutiques, dont certains se montrent intéressés.

Ces groupes pharmaceutiques sont t-ils nombreux à s’intéresser à votre société ?
Nous ne pouvons pas donner ce genre d’indication.

Par contre, peut-on avoir une idée sur vos critères de sélection ?
Ils vont dépendre de ce que le partenaire potentiel sera capable de mettre sur la table. Ce qui nous intéresse, c’est de recevoir des droits commerciaux, de telle façon que nous puissions, sur la base du naproxcinod, qui est vraiment une opportunité unique pour nous, nous transformer en une société pharmaceutique. Nous souhaitons passer du stade de R&D à celui d’une société qui commercialise ses propres produits.

Il est important pour nous, lors de la négociation que nous aurons plus tard avec le ou les partenaires qui seront éventuellement sélectionnés, de tenir compte de ces aspects commerciaux pour permettre à Nicox d’avoir ses propres forces de vente.

C’est pour cela que ce genre de discussion prend du temps. Il est important de trouver un partenaire au plus tard au moment du dépôt de l’AMM aux USA.

Il faut bien comprendre que le partenaire aujourd’hui, du point de vue du développement, n’apportera pas beaucoup en plus de ce qu’on a déjà planifié. C’est en termes de développement du marché et commercialisation que le partenaire va nous apporter beaucoup de valeur.

La rumeur circule autour d’un rapprochement possible avec Sanofi. Quelle crédibilité doit-on lui accorder ?
Nous ne sommes pas au courant de cette rumeur. Aucune crédibilité.

Et plus globalement, votre trésorerie vous permet-elle de mener vos développements seuls ?
Oui, complètement. Nous avions 200 millions de trésorerie à la fin mars 2007, donc cela va nous permettre de terminer sans aucun problème le plan de développement du naproxcinod.

C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles nous ne sommes pas pressés, en quelque sorte, de signer un partenariat.

Notre trésorerie nous permet quelque peu de nous situer dans une position de force vis-à-vis de nos partenaires.

Un nouvel appel au marché est-il programmé à court terme et quelle serait alors son affectation?
Aujourd’hui, il n’y a aucun appel de marché prévu à court terme. Nous avons suffisamment de trésorerie pour continuer tout seul.

Le chiffre d’affaires potentiel du naproxcinod a été évalué par Michele Garufi à plus d’un milliard d’euros. Qu’en est-il des autres molécules majeures de NicOx ?
Nous avons une molécule très intéressante, mais qui est encore en phase de développement préclinique. C’est un nouveau dérivé d’une statine, une molécule qui traite l’excès de cholestérol dans le sang mais qui a en plus des autres effets sur l’inflammation cardiovasculaire. Vous connaissez le Lipitor® de Pfizer qui fait un chiffre d’affaires de plus de 14 milliards de dollars... c’est énorme.

Les médicaments qui sont en développement avec Merck et Pfizer, là aussi, visent un marché très important, celui de l’hypertension systémique et du glaucome respectivement.

Enfin, le potentiel du NCX 4016 peut être très important. Je ne peux pas vous donner de chiffres. Par contre, je peux vous dire que le marché du traitement du diabète est de 12 milliards de dollars. Nous pouvons envisager que si notre produit est efficace et atteint le marché, il pourrait prendre une part de marché intéressante.

Les analystes attribuent une valeur moyenne de 22€ à votre titre (net present value). Que vous inspire cette évaluation et comment expliquez vous le niveau actuel de votre action ?
Nous pensons qu’il y a toujours de la valeur cachée parce que nous connaissons le potentiel des accords avec Merck et Pfizer qui sont à notre avis sous-valorisés. Le marché pense que ce sont des accords «early stage», mais nous avons bien évidemment plus d’informations. Nous estimons qu’avec ces deux programmes, nous avons un potentiel d’appréciation important.

Les échecs rencontrés par plusieurs grands groupes pharmaceutiques pourraient les inciter à se retourner vers les sociétés biopharmas. NicOx est-elle opéable et comment réagiriez vous face à une approche en ce sens ?
NicOx est totalement opéable, parce que nous avons un flottant de plus de 98%. Quant à la réaction, nous préférerions évidemment continuer à nous développer nous-mêmes, parce que nous pensons qu’un certain nombre de programmes sont actuellement sous-valorisés. Aussi, si une telle opération devait arriver aujourd’hui, nous serions un peu dubitatifs… Ceci étant dit, tout dépendrait de l’offre qui serait faite. Les actionnaires seraient alors à mêmes de juger.

Au niveau du calendrier 2007, quelles sont les avancées qui seront dévoilées au second semestre ? Par exemple, une entrée en phase 1 du successeur du NO-enalapril (hypertension) avec Merck, ou encore l'entrée en phase 1 du nouveau composé en dermatologie (NO-corticostéroïdes) avec Ferrer ?
Nous n’avons pas encore annoncé de calendrier sur ces deux molécules.

D’après nous, le news flow pour le deuxième semestre devrait concerner les accords de partenariats.

Nous n’aurons pas tellement de news flow concernant le naproxcinod, puisque les prochains résultats sont prévus pour mi-2008. Mais nous espérons présenter plus de détails sur les résultats des études 301 et MAPA dans des conférences scientifiques avant la fin d’année.

Propos recueillis par Marjorie Encelot (avec la participation du forum Easybourse)

Source : Interview d'Eric Castaldi sur Easybourse.

2 commentaires:

Daniel a dit…

"C’est pour cela que ce genre de discussion prend du temps. Il est important de trouver un partenaire au plus tard au moment du dépôt de l’AMM aux USA."

c'est à dire ? quand ? mi 2998 ?
merci d'avance pour votre aimable réponse.
daniel

Michel (m.mitch) a dit…

Au plus tard fin 2008, car la société fait la demande d'AMM au T1 2009.